Presse 2023

Le Courrier Indépendant

Mars 2023

Pourquoi cette levée de bouclier à l'encontre des éoliennes en Centre-Bretagne ?

Eoliennes contestées à Plumieux, Loudéac, Saint-Barnabé, Guerlédan, Plémet, Lanouée... Que se passe-t-il dans le petit monde de l'éolien en Centre-Bretagne ?

eoliennes centre bretagne

Les éoliennes, en Centre-Bretagne, contrairement à beaucoup d’autres régions en France, ont été plutôt bien accueillies.  D’une part parce qu’ici, la population, très responsable, sait bien que la Bretagne ne produit pas assez d’énergie électrique, mais aussi parce que très longtemps, les communes s’y retrouvaient financièrement (aujourd’hui les taxes afférentes, hormis celle, très modeste, sur le bâti, vont pour l’essentiel au Département des Côtes-d’Armor) et à Loudéac communauté). Et les propriétaires de terrains, généralement des agriculteurs, y voyaient là une source de revenus bien appréciable en ces temps de crises agricoles répétitives. 

Mais depuis quelque temps, un vent contraire souffle sur l’énergie éolienne, de plus en plus contestée en Centre-Bretagne, où des associations anti-éoliennes voient de plus en plus le jour (Plémet ; Guerlédan…).

Trop, c’est trop

La cause essentielle de cette levée de boucliers, outre les arguments écologiques (bruit ; impact néfaste sur la faune ; problème du démontage ; sécurité incertaine comme l’a prouvé la chute d’une pale sur une éolienne du parc de La Ferrière, mais aussi depuis quelque temps, problème des ondes électriques qui influent sur la santé des troupeaux…) ou jugés comme tels, c’est le trop plein d’éoliennes. 

Dans le secteur de Plumieux par exemple, quel que soit le côté où l’on se tourne, des éoliennes bouchent l’horizon. Et la plupart ne sont même pas situées sur le territoire communal. 
Du point culminant de Saint-Barnabé, on peut apercevoir par temps clair… 200 éoliennes. Dans le secteur de Guerlédan, les éoliennes sont partout visibles. 

« Une sensation d’écrasement »

Les dernières éoliennes entrées en activité, dans le secteur, sont installées entre Loudéac et Trévé, comme l’explique ce Trévéen : 

« Quand on descend la rue Brizeux en direction de la déchetterie, c’est impressionnant. Les éoliennes semblent gigantesques. Cela donne une sensation d’écrasement… » 

Et comme les projets éoliens ont tendance à se multiplier (derniers exemples en date entre La Motte et Plouguenast et à La Ferrière le phénomène de ras-le-bol a tendance à gagner du terrain.

« On a l’impression que pour avoir été trop bons au départ, nous sommes passés au stade de trop c… » résume cet opposant de la région de Plumieux.

« Regardez ce qu’il se passe dans d’autres régions. Il y a des régions entières qui sont presque vierges d’éoliennes. Et même chez nous : sur la côte, on peut compter les éoliennes. Et pour se donner bonne conscience, on choisit le centre de la Bretagne pour y mettre les éoliennes comme si nous étions une poubelle ». 

Des éoliennes imposées

Autre pierre d’achoppement de plus en plus flagrante : de plus en plus, les projets éoliens ne sont pas cooptés parfois en y intéressant la population locale, comme dans le Mené ou à Merdrignac, mais imposés.

Ainsi, à Plumieux, un projet éolien qui faisait l’unanimité contre lui au nom de la saturation, a été imposé au grand dam des élus locaux et notamment du maire, Sébastien Quinio.

Et que dire des éoliennes de la forêt de Lanouée, véritable scandale écologique, là encore imposé par l’Etat ? Et du projet situé à cheval sur Loudéac et Saint-Barnabé (voir par ailleurs) ? 

Des maires impuissants

Dernièrement, Yohann Hervot, maire d’Allineuc, a avoué son impuissance : « en dernier ressort, c’est le préfet qui a le dernier mot ». Et comme le préfet, c’est l’Etat, et que l’Etat a justement tout intérêt à ce qu’il y ait de plus en plus d’éoliennes pour répondre aux exigences de l’Europe quant à la production d’énergie renouvelable…

« On ne prend même plus la peine de nous contacter »

Le même Yohann Hervot lors de la dernière cérémonie des voeux a d’ailleurs affiché un certain agacement : « nous avons appris par hasard qu’un porteur de projet avait directement été démarcher des agriculteurs, sans même avoir la politesse d’en parler à la municipalité ». Un peu comme si les élus locaux étaient considérés comme la dernière roue du carrosse. 

Et que dire des riverains ? Si certains porteurs de projets prennent toutes les précautions pour apporter le maximum de transparence sur leur projet, d’autres sont moins clairs. 

Ainsi sur le projeté Neoen dit des Hauts de Plessala, un exploitant agricole voisin (ses installations et son habitation sont en limite voire dans le périmètre des 500m du futur parc éolien), n’a eu, si l’on en croit un compte-rendu du conseil municipal, connaissance du projet très longtemps au moment du lancement de l’enquête publique, alors qu’il est directement concerné. « Les deux réunions publiques ont été organisées en juillet et novembre 2020 en période de crise sanitaire » peut-on lire. « Il estime que les deux réunions publiques sont restées très confidentielles ». 

En bref, les habitants et certains élus ont l’impression que de plus en plus, les projets éoliens sont sujets à caution, au moins dans la manière de choisir leurs lieux d’implantation et surtout dans la façon de mener les dossiers en faisant fi dans intérêts et de la population locale. Il ne faut pas chercher plus loin l’origine de la levée de bouclier que l’on constate actuellement face aux nouveaux projets éoliens…

plumieux2020

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